Actualités

En ce moment chez Accès-Cible SMT

Ce que j'ai vécu était du harcèlement

Ce que j'ai vécu était du harcèlement

Mon conseil pour une personne qui pourrait vivre du harcèlement, c'est premièrement de s'écouter, de se faire confiance et de ne pas minimiser ce qui est arrivé, de ne pas essayer de se dire que ce n’est rien, que dans une semaine, ça va passer! 

Moi c'est Sam. J'étais dans le milieu de l'intervention. Aujourd'hui, j'étudie en criminologie. Un jour, dans mon ancien emploi, j'ai appris qu'une de mes collègues avait divulgué une information sur moi à la clientèle sans mon consentement. Cela m’a fait vivre beaucoup d’anxiété! Parce que j’avais perdu le contrôle sur ce que les gens savaient de moi.  

J'ai commencé à faire des crises de panique. L'anxiété a pris tellement de place que mes migraines ont refait surface. J'ai aussi commencé à avoir des problèmes de sommeil. Je revivais sans cesse la situation. Je ne me sentais plus capable de retourner auprès de la clientèle ni de retravailler avec cette collègue-là. 

J'ai fait beaucoup de recherches pour savoir si ma situation était déjà arrivée à d'autres personnes. Il s’agissait d’un acte en lien avec la communauté LGBTQ+, donc j'ai appelé plusieurs organismes de défense des droits pour les personnes LGBTQ+. Mais, d’après eux, c’était une situation qui n’était jamais arrivée, et personne n'était en mesure de m'aider. 

A mon avis, cela a dû arriver, mais les victimes ont certainement diminué l'impact que cela a pu avoir sur elles. Elles ont sûrement rationalisé, en disant, ce n’est rien, ce n'est pas grand-chose, je passe à d'autres choses. 

Est-ce que c’est positif ou non de minimiser cet impact? Moi je pense que c'est important de se prioriser.  

J'ai décidé de faire une plainte aux normes du travail pour harcèlement. Dès mon premier entretien, on m’a confirmé qu’il s’agissait effectivement de harcèlement, qu'une seule situation, même si elle n’a lieu qu’une fois, peut être considérée comme du harcèlement. 

Le fait de vivre des sentiments d'anxiété, de ne pas pouvoir retourner travailler à cause d'un acte, même ponctuel, c'est considéré comme du harcèlement.  

J’ai ensuite été mis en contact avec mon employeur. Uniquement par des échanges courriels. Je veux quand même préciser que ce n'est pas lui que je visais avec la plainte, c'était vraiment l'acte en tant que tel.  

C'est difficile de mettre un chiffre monétaire à la détresse, à l'anxiété. Je comprends que les normes du travail, c'est ça aussi. Il faut évaluer un salaire perdu, puis les conséquences que cela a eu. On a pu trouver un terrain d'entente. C'est important d'en parler avec l'employeur. C'est une chose que je me dis que j'aurais dû faire plus tôt, car en fait mon employeur n'était pas au courant de la situation dès le début.

Mon conseil pour un employeur, c’est, premièrement, de croire la personne victime, puis de prioriser le bien être de cette personne, parce que si le but, c'est qu'elle retourne au travail, ce n'est pas en forçant les choses, puis en lui mettant la responsabilité, qu'elle fera un meilleur rendement au travail. 

Le plus important, c'est la validation du vécu. 

J'ai eu la chance d'avoir des privilèges, d'avoir de l'argent de côté, d'avoir un conjoint qui était prêt à m'aider, au niveau émotionnel et financier. J'ai eu la chance d'avoir beaucoup d'outils pour gérer mon anxiété. Mais malgré ça, l'anxiété prenait beaucoup de place. Malgré une technique en travail social et des connaissances pour aider d'autres personnes à gérer leur anxiété, il m’était difficile de dépasser ça! 

Ce qui est important, c’est que la personne prenne du temps pour évacuer ce qu'elle a vécu. Et qu’elle puisse aller chercher des ressources psychologiques, qu’elle priorise son bien-être pour pouvoir tourner la page.  

Cliquez ici pour voir le témoignage vidéo de Sam.

Vous pouvez également visionner plusieurs entretiens menés sur le sujet du harcèlement en milieu de travail:
Entretien avec Mathieu Bourdon, psychologue
Entretien avec Jennifer Genest, V.P d'un syndicat
Entretien avec Louise Garand, gestionnaire.

Retour à la liste des nouvelles