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Travailler en ayant un sentiment d’imposture

Travailler en ayant un sentiment d’imposture

Nous vous présentons une série de témoignages d’anciennes et anciens participant.e.s du programme de préparation en emploi (PPE) d’Accès-Cible SMT. Ce programme accompagne les personnes ayant un enjeu de santé mentale vers une réinsertion professionnelle. Les personnes qui ont accepté de témoigner vivent aujourd’hui une expérience positive en emploi, et ce malgré leur enjeu de santé mentale. Sophie Muguette Rouleau partage son vécu et certains de ses outils. 

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J’ai développé au fil des années une grande expérience dans les métiers d’art et j’étais reconnue dans mon domaine. Pourtant, souvent, je ne me sentais pas valide, pas à la hauteur. J’avais toujours l’impression que les autres en savaient plus, que leur opinion comptait ou valait plus que la mienne.  

Je n’ai pas fait beaucoup d’études. Je pensais sûrement que les personnes avec des études plus poussées valaient plus que moi. J’ai aussi un diagnostic de TDAH. Peut-être que cela jouait, je ne sais pas.  

Et puis j’ai fait un burn-out. Ce burn-out a presque été un cadeau en fait, même si c’était bien sûr difficile sur le moment. J’ai dû ralentir, prendre du recul (J’ai passé des semaines entières à regarder le plafond). Puis j’ai fait un programme d’accompagnement en santé mentale et emploi. J’y ai rencontré plein de personnes avec des profils, des vies, des expériences différentes. Et je me suis aperçue que chacune de ces personnes avait plein de belles choses à apporter à la société et à un milieu de travail. Alors pourquoi pas moi? Je devais bien avoir de belles forces moi aussi, c’est juste que je ne les voyais pas.  

Aujourd’hui, je me connais mieux et j’apprécie ma valeur! 

Comment j’y suis arrivée? C’est certain que c’est un cheminement, ce n’est pas une transformation qui se fait du jour au lendemain, avec une baguette magique. J’ai développé et utilisé plusieurs outils qui m’aident vraiment.  

En tout premier lieu je dirais la méditation, ou plutôt « pratiquer des respirations » de façon consciente. Cela m’aide vraiment à relativiser, à prendre du recul. À voir les situations dans lesquelles c’est mon orgueil qui me parle. Lorsque l’on met cet orgueil de côté, la vie est tellement plus facile. On est ouvert à l’autre, à la nouveauté, à apprendre. Accepter les critiques et les voir comme des moyens d’évolution, quel cadeau! 

J’ai beaucoup apprécié l’atelier que l’on a fait lors du programme en emploi sur les masques que l’on porte constamment en société. J’ai pris conscience que je mettais souvent le masque de la personne drôle, enjouée et blagueuse. Je cachais en fait mon malaise et mon sentiment d’imposture de cette façon. Aujourd’hui, je n’ai plus honte de qui je suis, je n’ai plus besoin de ce masque. Mais j’aime quand même encore faire des blagues , je ne me cache juste plus derrière! 

L’écriture est aussi un autre outil qui peut être utilisé. De même que prendre du temps pour soi et faire ce que l’on aime, qui nous fait du bien et nous valorise.  

Le lien avec des personnes positives pour moi a été aussi très important dans mon processus.

Déjà avec les personnes que j’ai rencontrées dans les ateliers de groupe chez Accès-Cible SMT, puis j’ai eu de la chance de faire un stage dans un milieu de travail qui a été très positif. Mais ces liens peuvent se faire aussi par différents moyens. Il y a par exemple des groupes de personnes ayant un TDAH sur les médias sociaux. Cela fait du bien et permet de relativiser de pouvoir partager notre réalité avec des personnes ayant des enjeux similaires.  

Et enfin, je dirais que ce qui est important, c’est d’être clément avec soi-même. Une phrase que j’apprécie particulièrement est « Parle toi comme tu parlerais à un ou une amie ». 

Mon futur? Je me sens prête à me relancer dans le domaine de la restauration d’art, en y allant à mon propre rythme et en mettant bien sûr en pratique tous ces apprentissages! 

Sophie 

Vous êtes curieuse ou curieux d’en savoir un peu plus sur le domaine de travail de Sophie? Un article de la presse lui a été dédié « La femme qui recollait les morceaux ». 

Crédit photo (source) : John Noonan - Unsplash

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