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Travailler en ayant un enjeu d'hypersensibilité

Travailler en ayant un enjeu d'hypersensibilité

Nous vous présentons une série de témoignages d’anciennes et anciens participant.e.s du programme de préparation en emploi (PPE) d’Accès-Cible SMT. Ce programme accompagne les personnes ayant un enjeu de santé mentale vers une réinsertion professionnelle. Les personnes qui ont accepté de témoigner vivent aujourd’hui une expérience positive en emploi, et ce malgré leur enjeu de santé mentale. Elles partagent leur vécu et leurs outils. 


Un peu avant de commencer le programme chez Accès-Cible SMT, je n’arrivais plus à me maintenir en emploi. Je débutais un travail, je ne me sentais plus bien et je le quittais. Après Accès-Cible, j’ai pu travailler 5 ans au même endroit, en fleuristerie. C’est d’ailleurs grâce au stage du programme que j’ai pu acquérir des connaissances dans ce domaine, trouver un emploi par la suite et réaliser un de mes rêves.  

Aujourd’hui, je me sens beaucoup plus outillée grâce au pouvoir d’agir. Je me connais davantage et je sais quelles sont les caractéristiques des emplois qui fonctionnent bien pour moi, dans lesquels je peux utiliser mes forces et les milieux à éviter. 

J’ai appris à valider avec les gens si ce que je pensais était réel.

Par exemple, maintenant, si j’ai l’impression que quelqu’un est en colère contre moi, je peux aller lui demander si c’est le cas. Souvent, ça ne l’est pas et ça me permet de me libérer d’un poids. Le stage, ainsi que l’emploi que j’ai obtenu par la suite, m’ont donné confiance en moi. J’ai été surprotégée par mes parents. Ils ont souvent fait les choses à ma place. J’ai dû apprendre à les faire seule.

Lors de mes premières minutes de stage, le responsable m’a dit qu’il allait faire une livraison. Je me retrouvais donc toute seule à gérer la boutique! Je lui ai dit que je ne connaissais pas les prix. Il me les a énumérés à peu près. Heureusement, je venais tout juste de le voir faire un grand bouquet en gerbe. Un client s’est présenté lorsque j’étais toute seule et j’ai pu reproduire ce que je venais de voir. J’ai été très impressionnée de constater que le propriétaire me laissait les rênes de sa boutique et qu’il me faisait confiance. 

J’utilise différents outils qui m’aident à gérer mon hypersensibilité.

J’ai appris la respiration consciente. Quand je me sens trop envahie par les larmes par exemple, je peux imaginer, lors de l’inspiration, de l’air frais... blanc et bleu... comme un nuage... qui entre en moi... Ensuite, j’expire et je visualise de la poussière grise qui sort de moi... Ça permet de me calmer. J’ai même réussi à ne pas tomber dans les pommes quand le docteur a piqué dans la blessure de mon doigt, grâce à ce truc-là (Lol)! Aussi, une participante m’avait suggéré de pleurer un bon coup à la maison afin de ne pas me laisser envahir par de la peine accumulée.

Je peux demander à l’adulte qui est en moi également de réconforter la petite fille qui m’habite. Ça fonctionne vraiment pour moi.

Me permettre d’aller 5 minutes à la salle de bain afin de mettre un de mes moyens en pratique peut m’aider. Si, au contraire, je ressens le besoin de travailler, ne pas insister pour que je prenne une pause ou une marche fonctionne bien pour moi.

Aujourd’hui, je me sens plus résiliente. Parfois, j’ai les yeux pleins d’eau au travail et ensuite, je me ressaisis et je continue. L’émotion m’envahie moins longtemps. Je sais maintenant que la sensibilité et la force peuvent coexister. 

De plus, être hypersensible c’est aussi être humaine et empathique. Ce sont des qualités que j’affectionne, pour lesquelles j’ai beaucoup d’estime et que les autres me reconnaissent.
 

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