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Réflexions autour de la médication en santé mentale : une journée chez Accès-Cible SMT

Réflexions autour de la médication en santé mentale : une journée chez Accès-Cible SMT

« J’étais tellement, mais tellement fâché! Je n’étais plus aux prises avec mes enjeux de dépendance depuis plusieurs années. Puis j’ai eu, pour diverses raisons, une période avec des troubles du sommeil intenses. On m’a prescrit un médicament. Il devait m’aider pour le sommeil mais il présentait un très fort risque de dépendance. À l’époque, je ne le savais pas. Personne ne m’a parlé des effets secondaires, de ce risque. Et je suis retombé dans une autre dépendance. J’avais réussi à m’en sortir, et là, il fallait recommencer à zéro! ». 

Ce jour-là, l’atelier porte sur la gestion autonome de la médication en santé mentale. La « GAM ».

Mathieu, qui vient de témoigner, a une longue expérience de la médication. Comme plusieurs des autres participant.e.s. Il le dit, il a accepté depuis longtemps le fait de devoir prendre des médicaments pour mieux gérer ses symptômes. Il en est tout à fait conscient. Mais c’est loin de tout régler, dit-il. 

Les discussions démarrent. Il y a tellement d’effets secondaires aux médicaments, de hauts et de bas, de moments ou ça marche, et pour diverses raisons, ou ça ne marche plus. Tellement d’adaptations à faire, constamment. Mais qui doit faire ces adaptations?

« Est-ce que le milieu médical peut savoir ce qu’il se passe dans mon corps, dans ma tête, mieux que moi-même? », se questionne une participante. 

La GAM, explique Geneviève, pair-aidante animatrice de l’atelier, cela ne veut pas dire s’auto-médicamenter, décider tout seul de ce que l’on prend ou ne prend pas. Ça veut dire faire partie de l’équation. Avoir un droit de parole dans les décisions qui me concernent. 

« On devrait être comme une équipe, j’arrive avec mon savoir expérientiel, la connaissance profonde de ce que je vis et ressens dans mon corps et dans ma tête, le médecin vient avec son savoir clinique. » indique l’une des personnes présentes.  

Qu’est-ce que cela veut dire pour vous, la GAM? demande Geneviève. Les réponses fusent. Choix, responsabilisation, compréhension, s’informer, autonomie, rétablissement, personnalisation, qualité de vie. 

Qualité de vie! Mais qu’est-ce que c’est, justement, avoir une bonne qualité de vie?

L’atelier se poursuit autour de cette réflexion. Il n’y a pas de définition toute faite, qui puisse s’appliquer à tout le monde. Chacune et chacun peut avoir sa propre conception. « Alors, propose Geneviève, pourquoi ne pas essayer de représenter votre propre vision sous forme de collage? ». Plusieurs magazines sont mis à disposition. 

Activité de collage

Une demi-heure plus tard, des images ont émergé. On y retrouve du vert ou du bleu, pour la nature, des personnages, des liens, l’art, sous différentes formes... Des visuels pleins de vie, positifs, uniques. 

Cette activité, on le comprend, avait un objectif.

Prendre conscience que la médication, dans tout cela, est là pour nous soutenir dans l’atteinte de cette qualité de vie que l’on souhaite avoir.

Elle n’est pas sensée nuire ou diminuer cette qualité de vie. Et peut-être que, grâce à la GAM, elle peut nous aider à atteindre un peu plus, un peu mieux ce but. 

À travers divers autres questionnements sur nos difficultés et nos forces, sur nos ressources et outils disponibles, les discussions permettent aussi de mettre en lumière le fait que la médication n’est qu’un outil parmi une panoplie d’autres moyens, tous autant pertinents et utiles les uns que les autres.  

« Oui je prends de la médication, témoigne un participant, mais j’ai besoin aussi de faire de l’exercice. Et de voir mes ami.e.s. Ma psychologue aussi, me fait du bien. Et dessiner. C’est vrai que j’ai quand même un bon coffre à outils! », constate-t-il. 

D’autres sujets seront couverts durant le reste de la journée. Nos droits et recours, entre autres. Un sujet, on le sent, très sensible pour certain.e.s, notamment celles ou ceux qui ont eu à vivre des hospitalisations en psychiatrie.  

Alors que la journée tire à sa fin, les participant.e.s voudraient poursuivre les discussions. Le sujet a suscité beaucoup d’intérêt. « Même moi qui ne prends pas de médication en lien avec ma santé mentale, précise l’une d’entre elles, j’ai trouvé toutes ces informations vraiment pertinentes. On ne sait jamais! J’aurai peut-être à en prendre un jour, et c’est le genre d’informations qu’il vaut mieux avoir dès le début. » 

La médication reste un sujet tabou souligne Geneviève en conclusion. Le fait d’ouvrir la discussion en atelier a vraiment un effet positif, permet de libérer la parole et de s’approprier un peu plus cet aspect de notre vie. 

En savoir plus 

L’atelier offert dans le cadre du programme de préparation à l’emploi d’Accès-Cible SMT est une adaptation de la démarche GAM développée par différents acteurs du milieu de la santé mentale, dont le RRASMQ. Vous pouvez en savoir plus sur cette approche en cliquant ici.  et à travers le site Nous et la médication. 

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