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Guérir ou se rétablir : qu’en est-il en santé mentale?

Guérir ou se rétablir : qu’en est-il en santé mentale?

« Ce que je trouve vraiment difficile, c’est de ne plus avoir les mêmes capacités, de ne plus pouvoir fonctionner comme je le faisais avant », déclare une participante.

Lorsque l’on a une maladie physique, une blessure, un accident, on vise avant tout à guérir, à redevenir comme “avant”. En santé mentale, on ne va pas parler de guérison. Parce que la guérison, la disparition des symptômes, est parfois, souvent même, irréaliste. On va parler de rétablissement. Et se rétablir n’est pas synonyme de guérir. 

« Le rétablissement, qu’est-ce que cela signifie en fait? », demande Geneviève, paire aidante, qui anime l’atelier aujourd’hui sur ce sujet.

La salle d’atelier est pleine à craquer ce matin. Tous les bureaux, disposés en cercle, sont occupés. Ce sont plus de 14 personnes, toutes avec des vécus en santé mentale différents, d’horizons divers, qui vont réfléchir ensemble et échanger sur leurs expériences. 

À entendre leurs réponses, le rétablissement, c’est beaucoup de choses à la fois, c’est difficile à décrire en quelques mots, en une seule phrase. 

Il y a même plusieurs définitions différentes. 

À tour de rôle, les personnes présentes lisent à voix haute une définition dans leur cartable de participation du programme. Ce sont des définitions proposées par des professionnel.le.s de la santé mais aussi par des personnes qui ont vécu des enjeux de santé mentale. Il y en a une dizaine dans cette liste. Puis on en discute.

Plusieurs mots et idées ressortent.

C’est un concept,
c’est un processus,
un cheminement,
ça parle d’espoir,
de bien-être
de retrouver du sens à la vie.
C’est différent pour chaque personne,
ça parle de deuils à faire,
d’acceptation,
de peurs aussi,
de gestion de ses émotions
de trajectoire, avec des avancées mais également des reculs,
de redécouverte de soi,
de reprise de contrôle,
de courage,
d’une vie satisfaisante
avec des symptômes, parfois.

Bon, c’est beaucoup de choses effectivement.

En santé physique, on l’a déjà mentionné, on va vouloir revenir à avant. Mais ici, redevenir comme avant, cela n’existe pas vraiment. 

« Devoir faire le deuil de certaines de ses capacités, c’est sûr que ce n’est pas facile, souligne Geneviève. C’est pour cela que dans le programme on va travailler sur nos forces, sur le potentiel qui est là, aujourd’hui. Pour faire renaître l’espoir. Parce que l’espoir est à la base même du rétablissement. »

En santé physique, on parle de normalité, mais ici, on va se demander, c’est quoi la normalité? Est-ce que chaque personne ne devrait pas avoir sa propre définition?

L’animatrice propose ensuite d’aborder les étapes qui permettent d’arriver au rétablissement. Il y en a 5, d’après un schéma développé par l’AQRP*.

étapes du rétablissementCela débute avec le choc, souvent lié au diagnostic, jusqu’à la responsabilisation et au pouvoir d’agir.

« Bien sûr, précise Geneviève, on ne se situe pas forcément au même stade dans toutes les sphères de notre vie. Et dans le processus, il y a des allers et retours possibles. »

« C’est vrai que ce qui me fait peur, c’est de retomber, de revenir en arrière », dit un participant. « Cela peut arriver effectivement, souligne l’animatrice, mais quand on a déjà passé certaines phases et que l’on recule, l’étape est souvent moins longue, car on a développé des outils, des stratégies. Et l’espoir est plus facile. »

Vient ensuite le temps des exercices. Quels sont les indicateurs du rétablissement, quels sont les éléments pouvant nous aider à identifier l’étape à laquelle nous sommes rendus dans le processus. Chacune et chacun se met au travail de son côté puis partage ses réflexions au groupe.

Une question cruciale est abordée à travers un test : sur quel élément pourrais-je travailler pour avancer dans mon rétablissement? Choisir un seul élément n’est pas simple. Mais la réponse à cette question va permettre d’alimenter le plan d’action que l’on établit dans le programme. 

Alors que la matinée tire à sa fin, les participant.e.s quittent peu à peu la salle en continuant les discussions. On peut imaginer qu'elles se poursuivront durant le repas dans la cuisine commune. Certainement parce qu’il ne semble pas y avoir une vision unique du rétablissement. Il appartient sûrement à chacune et chacun de créer sa propre définition, celle qui lui correspond.

En savoir plus

*Les 5 étapes du rétablissement est un schéma développé par l'Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP)
 

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